Corps de femme 1 – le marteau – Articles de presse

Radio Cité Genève / Yann Bellini / "Corps de femme" / 16.05.14

Corps de femme

Yann Bellini reçoit Judith Depaule pour nous présenter « Corps de femme », un ensemble de trois pièces de théâtre et une exposition présenté au Théâtre St-Gervais.

En écoute ici : lien.

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Le nouveau blog de Barbara Polla / Barbara Polla / "Corps de femmes !" / 14.05.14

Corps de femmes !

Corps de femme 3 - les haltères

Judith Depaule nous est venue de Paris, pour filmer des femmes, en Suisse romande, corps et âmes, dans nos villes et nos campagnes, dans nos salles de sport et d’entraînement, dans les rues et les piscines, judo, tir à l’arc, boxe, roller… Il en résulte une exposition remarquable à Saint Gervais. Les femmes racontent. L’infirmière qui fait de la boxe. La tireuse à l’arc. La triathlète. Le sol est marqué comme une salle de gymnastique, l’espace vide laisse la place à nos propres corps, trois grands écrans nous proposent douze portraits, à choix, à écouter, admirer, mélanger, méditer.

La menue Judith Depaule à l’irrésistible sourire, à l’invincible ténacité, qui fut lauréate de la Villa Medicis hors les murs, s’est vue surprise par notre pays et les difficultés racontées par les femmes – peut-être les hommes aussi ? – pour arriver au sommet de leur art sportif. Leurs terrain de sport sont vides de sponsors, indispensables pourtant à l’entraînement le plus intensif. Je lui expose ma théorie de la « pyramide inversée » que je défendais déjà à l’époque où Samuel Schmid était notre « Ministre des Sports » comme on dirait dans l’Hexagone. L’idée est que pour faire vivre le sport auprès du plus grand nombre, c’est la pointe de la pyramide qu’il faut soutenir d’abord, et non la base. En soutenant les meilleurs, on génère des icônes, des modèles, des espoirs, auxquels les plus jeunes se réfèrent alors avec passion. En générant des modèles, on génère aussi des sponsors… Elle s’est vue admirative aussi de l’ouverture des spectateurs : car l’artiste – « artiviste » comme on appelle parfois ces artistes porteurs d’un message socialement, politiquement très fort – est aussi metteure en scène et propose un magnifique spectacle en forme de trilogie – un spectacle dont je vous avais parlé précédemment (lien) et je vous le redis : allez voir !

Allez voir le Ballon Ovale aujourd’hui et demain et les Haltères vendredi et samedi : à 19h mardi, jeudi, samedi ou 20h30 mercredi et vendredi, une heure de spectacle passionnant : Nurcan Taylan, première sportive turque à avoir décroché l’or olympique, et les joueuses de l’Athlétic Club Bobigny 93 rugby et le Rugby Club Soisy Andilly Margency 95 s’expriment sur les raisons de leur engagement, la façon dont elles se perçoivent et sont perçues par les autres. Sur scène : des images projetées des sportives et une comédienne (ou une danseuse) qui restitue leurs paroles et leurs gestes.

C’est au Théâtre Saint Gervais (lien) et voici un cadeau : le billet « normal » est 25 CHF – mais si vous allez à Saint Gervais d’ici ce samedi soir, seul/e ou accompagnés, présentez-vous au guichet en disant : j’aimerais un « BILLET BLOG » – votre billet ne vous sera alors facturé que 12CHF.

Un cadeau de Judith Depaule, pour vous, chers lecteurs et lectrices. Un cadeau de culture, physique, mentale et poétique…

Merci Judith, et bravo !

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La Tribune de Genève / K.B. / "Le sport dans le corps" / 13.05.14

Le sport dans le corps

Versant scénique de l’exposition homonyme visible à Saint-Gervais jusqu’au ler juin, Corps de femme se subdivise en trois parties que sa créatrice Judith Depaule égrène au fil de la semaine. Lancer de marteau, rugby et haltérophilie: des disciplines normalement associées au corps masculin. Mais comment leur corps détermine leur sport, et comment leur sport se vit dans leur corps: ces questions s’adressent ici à des championnes femmes. De quoi tordre le cou aux idées reçues.

Le sport au crible du genre dans « Corps de femme ».

Corps de femme 3 - les haltères

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Le Courrier de Genève / Laura Steen / "Les femmes, des athlètes comme les autres?" / 12.05.14

Les femmes, des athlètes comme les autres?

STÉRÉOTYPES • Une femme choisira la danse, un homme le rugby ? Des clichés que l’artiste Judith Depaule tente de déconstruire, cette semaine au théâtre St-Gervais, à Genève.

Corps de femme 3 - les haltères

Les sportifs sont-ils destinés à faire et les sportives à plaire ? Comme si, depuis Pierre de Coubertin, qui ne pouvait imaginer des « olympiades femelles », la misogynie n’avait toujours pas quitté les vestiaires ? C’est du moins le parti pris de Judith Depaule, metteuse en scène française, qui pose ses valises cette semaine au Théâtre St-Gervais, à Genève, pour y questionner le genre dans le sport. Et ce à travers deux événements: la représentation des trois premiers volets de sa quadrilogie théâtrale, « Corps de femme », et une exposition.

Élevée selon une vision égalitaire du monde, Judith Depaule s’est rapidement heurtée à la complexité de la dichotomie homme-femme dans sa pratique quotidienne. Selon elle, les artistes hommes sont plus facilement soutenus, alors qu’une femme doit sans cesse démontrer la pertinence de son travail. Mais pas question pour l’artiste de se poser en victime. Ce qu’elle souhaite, c’est « faire réagir la société », le théâtre étant là, avant tout, pour poser des questions, et non pour résoudre les problèmes.

En l’occurrence, en matière de stéréotypes dans le milieu sportif. « Dans l’imaginaire collectif d’une société masculine comme la nôtre, une lanceuse de poids n’aura pas de cou, aura des poils, des cheveux gras et une bouée autour du ventre ! », explique Judith Depaule.

JO: les tests de féminité

De fait, depuis la fin du XIXe siècle les femmes ont dû se battre pour avoir une place sur le podium. Un exemple: les tests de féminité. Même s’ils ont été abolis par le Comité international olympique en 1999, certaines femmes sont encore pointées du doigt.

Comme Caster Semenya, Sud-africaine, spécialiste du 800 mètres. En 2009, elle devient championne du monde à Berlin. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais l’athlète a une apparence masculine, une voix grave et fait de bons chronos. « Sa fédération a alors fait des tests de féminité », raconte Judith Depaule. Résultat ? L’athlète présente un hermaphrodisme rare. On l’a autorisée à courir de nouveau à condition qu’elle gère sa testostérone chimiquement…

Pour mener à bien son projet, Judith Depaule a rencontré des femmes qui pratiquent un sport a priori viril, masculin, à savoir le lancer de marteau, le rugby et l’haltérophilie. « À cause de l’image véhiculée dans les médias, je ne les imaginais pas capables de pensée réflexive », avoue l’artiste. Une erreur rapidement corrigée. Elle s’est rendue sur le lieu de travail de ces femmes et les a filmées dans leur quotidien, professionnel et privé. « Je suis partie de ce qu’elles m’ont raconté et je l’ai retranscrit à travers mon regard d’artiste. » Sur scène, cela donne un savant mélange de vidéos d’entraînement sur un fond sonore oppressant, tandis qu’une comédienne reproduit les gestes des sportives et clame un texte inspiré des interviews.

Le roller derby, sport « féministe »

Méthode identique pour l’exposition « Corps de femme – variation 2 ». Au départ, il y a une rencontre avec dix-huit sportives romandes. Championnes notamment de roller derby, sport inventé dans les années 1930 qui connaît un regain depuis 2000 grâce aux milieux féministes américains. Le roller derby est une course sur piste ovale avec des joueurs montés sur patins à roulettes; pour l’un d’eux, il s’agit de dépasser l’équipe adverse, dans un temps donné.

Les joueuses sur patins ont leur petite idée de la suprématie masculine dans le sport. En l’occurrence Stephany, alias Moody Slapping, 25 ans, sélectionnée par l’équipe nationale suisse pour participer au Championnat du monde de la discipline à Dallas, en décembre. « Dans le roller derby, ce sont les hommes qui subissent la discrimination », justement à cause de ce renouveau féministe. Quant aux clichés de femmes brutales, sa collègue Gorana Shokola, 30 ans, répond dans un sourire : « Nous sommes des amazones. Pas des brutes ! »

Judith Depaule souligne combien toutes ces femmes ont du mal à répondre à la question de la féminité, « parce que c’est un concept social qui bouge selon l’époque ou le pays ». Cela se résume-t-il au chromosome X, au fait de porter des talons et des jupes ? Pour l’artiste, une seule recette pour déconstruire les stéréotypes : « Par l’éducation, il faut s’interroger sur la mixité et surtout sortir de la bicatégorisation. » Selon elle, la différence fait peur alors qu’elle devrait être pensée comme complémentarité.

Justement, la semaine dernière, une femme a été nommée pour entraîner une équipe de football masculine de deuxième division, en France. Pas de quoi crier victoire pour Judith Depaule. Le problème est trop profond, « la femme n’est pas un athlète comme un autre, puisqu’elle n’est pas un homme comme un autre ».

Corps de femme, Théâtre St-Gervais. Exposition jusqu’au 25 mai de 12h à 18h. Pièces de théâtre du 12 au 17 mai. Infos : www.saintgervais.ch

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Radio Vostok / Ana Isabel / "Corps de femme" / 12.05.14

Corps de femme

Du 12-17 mai au théâtre St-Gervais, une trilogie de vidéo-documentaires soulevant la question du genre et de la femme athlète.

« Corps de femme » : Un spectacle en trois volets mais aussi une conférence (7 mai à 18h30 à Uni-Dufour) et une exposition qui traite des normes établies de notre société. Ce projet européen soulève des interrogations au sujet de la femme (au singulier) et son corps, plus particulièrement la femme sportive, s’adonnant à des sports traditionnellement considérés comme masculins tels que le rugby et l’haltérophilie et ce dans une société qui fige la femme dans une représentation fabriquée de la féminité. 

Sur scène ce sont des images projetées des sportives et une comédienne/danseuse qui restitue leurs paroles et gestes. Interview de Judith Depaule, metteur en scène.

En écoute ici : lien.

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Le Temps / Nic Ulmi / "Sois belle, sois une brute et tais-toi" / 07.05.14

Sois belle, sois une brute et tais-toi

Sport – Le corps féminin est au coeur de l’enquête menée par la metteure en scène Judith Depaule

Conférence, expo et trois spectacles

Corps de femme 3 - les haltères

« Corps de femme 3 – les haltères ». Lanceuse de marteau, rugbywoman, haltérophile: une double injonction grève les corps des femmes sportives.

Il y en a qui croient que l’égalité entre hommes et femmes, c’est une mission accomplie. Judith Depaule comptait autrefois parmi ceux-là. « J’ai été élevée par la génération qui pensait qu’elle avait réglé le problème. A un moment donné, la réalité s’est entrechoquée avec les valeurs qu’on m’avait transmises. Je me suis rendu compte que ce n’était pas si simple », raconte la metteure en scène française, installée à Genève pour quelques semaines avec trois volets de sa quadrilogie Corps de femme, une exposition en forme d’enquête vidéo surie sport féminin en Suisse romande et une conférence, mercredi soir, sur le thème « Les femmes sont-elles des athlètes comme les autres? ».

La quête de réponses démarre en Pologne, en 2008. « C’est de là que vient la  première championne olympique de lancer du marteau. Et c’est là aussi que, pour la première fois, une athlète a échoué à un test de féminité. » Les propos recueillis auprès de la lanceuse Kamila Skolimowska sont confiés, sur scène, à une comédienne qui en stylise les gestes, accompagnée de séquences vidéo: premier volet. L’expérience sera répétée avec des joueuses françaises de rugby, puis avec la Turque Nurcan Taylan, championne du monde d’haltérophilie.

Propos abondants des coureuses de ballons ovales: « Je suis née dans le rugby. J’en ai toujours fait. Même enceinte, je jouais. » « Plus c’est gore et plus j’adore. » « Que je sois heureuse
ou triste, je pleure tout le temps. Au rugby, les nerfs se relâchent, je pleure encore plus facilement. » « Plus jeune je voulais être en équipe de France. Je voulais même jouer avec les garçons. Je pensais qu’ils ne nous sépareraient pas »… Propos plus laconiques de l’haltérophile turque: « Je n’aime pas trop dire que je suis forte. En même temps, je suis quelqu’un de très fragile intérieurement. »

« Fragile », cette fille de 1 mètre 52 qui soulève plus de deux fois son poids: une confession, un cri du coeur – ou un besoin d’adhérer malgré tout à l’imagerie courante de la féminité? « Dès qu’une femme pratique un sport dit violent, elle empiète sur le territoire masculin. Du coup, on regarde très attentivement à quoi elle ressemble, et il faut qu’elle fasse preuve d’une féminité exacerbée pour qu’on l’accepte. Il suffit de voir, ces dernières années, comment s’est développé le look des sprinteuses: supermanucurées, supercoiffées, pleines de bijoux », répond Judith Depaule. Double injonction grevant le corps féminin sportif : se conformer à des standards de performance définis par un cadre essentiellement masculin – et prouver qu’on est encore et toujours femme.

Qu’est-ce qui motive les filles à se lancer dans un tel parcours? Si le sport peut libérer, il traduit aussi des déterminismes sociologiques ou familiaux. « Les haltérophiles sont souvent issus de classes extrêmement populaires. C’est frappant, dans le cas de Nurcan Taylan, de voir que la fille d’un ouvrier travaillant dans la fonte en vienne à soulever de la fonte elle-même… » La lanceuse de marteau? « Elle est issue d’une famille où tout le monde a des physiques surdimensionnés. Elle a fait comme son petit frère, mais elle a été meilleure que lui. Alors on lui a dit: viens ici, toi, on va t’entraîner – ton petit frère ne nous intéresse pas… »

Et les filles du rugby? « C’est peut être une histoire de revanche à prendre sur quelque chose qui est contraint par le masculin, par la famille, par la culture. Un entraîneur remarquait que les filles dont le corps est très surveillé à la maison adorent le rugby parce que c’est un espace de liberté, tout en restant cadré aux yeux des familles. Il voyait ces filles s’épanouir, car enfin elles pouvaient être dans le contact, toucher l’autre, faire ce qu’elles voulaient de leur corps. » Comme le clame une des joueuses interviewées: « Je prends plaisir à faire un placage. Plus je rentre dans une nana, plus je suis contente. »

« Dès qu’une femme pratique un sport dit violent, il faut qu’elle fasse preuve d’une féminité exacerbée. »

En dépit du célèbre anathème de Pierre de Coubertin – « Les olympiades femelles sont inintéressantes, inesthétiques et incorrectes » – les femmes athlètes sont aujourd’hui presque partout. « Il y a des raisons économiques : ça signifie plus de gens qui cotisent, de nouveaux réservoirs. Et il y a des enjeux politiques, un potentiel de médailles », relève la metteure en scène.

Exemple vertigineux où les femmes deviennent de la chair à canon dans la bataille des médailles : l’Allemagne de l’Est de 1974 à 1989, sur laquelle Judith Depaule souhaite clôturer sa quadrilogie. « C’étaient souvent de jeunes filles juste avant la puberté, à qui on donnait des pilules d’hormones en leur disant qu’il s’agissait de vitamines. Tout à coup, elles s’apercevaient qu’il se passait de drôles de trucs dans leur corps, au niveau de leur voix, de leur pilosité… En même temps, elles n’osaient pas poser de questions. Elles ne savaient pas si c’était normal ou pas. » Volet plus ardu que les autres : « Pour l’instant, je n’arrive pas à trouver une femme qui veuille témoigner. A chaque fois, elles se rétractent. La blessure est encore très vive. Et un certain nombre de coupables sont encore en vie. »

Les femmes sont-elles des athlètes comme les autres? Conférence, mercredi 7 mai à 18h30, Uni Dufour (salle U300), Genève.
Variation 2. Exposition, 6-25 mai
Théâtre Saint-Gervais Genève.
Corps de femme. Compagnie Mabel Octobre et Judith Depaule, 12-17 mai, Théâtre Saint-Gervais Genève.
www.saintgervais.ch

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Tribune de Genève / Muriel Grand / "Le Théâtre Saint-Gervais tire le portrait de femmes athlètes" / 06.05.14

Le Théâtre Saint-Gervais tire le portrait de femmes athlètes

Spectacles, exposition et conférence de la metteure en scène Judith Depaule explorent la pratique du sport féminin

Judith Depaule - Tribune de Genève

Légende : L’installation vidéo de Judith Depaule permet d’interagir avec le portrait filmé de douze sportives romandes. STEEVE IUNCKER GOMEZ

« Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le rôle des femmes est de mettre la couronne sur la tête des vainqueurs. » Datant de 1912, ces propos sont le fait du créateur des Jeux olympiques modernes, Pierre de Coubertin. Une vision d’un autre temps, certes. Mais de nos jours, les femmes sont-elles vraiment des athlètes comme les autres? C’est la question que pose la manifestation thématique qui débute aujourd’hui au Théâtre Saint-Gervais.
Au coeur d’un dispositif comprenant spectacles, exposition et conférence se trouve la metteure en scène française Judith Depaule. Travaillant de longue date avec le théâtre, elle a proposé d’y présenter son travail autour des sportives. Plus particulièrement, des femmes ayant choisi un sport qu’on réserve habituellement aux hommes lancer du marteau, rugby et haltérophilie.

« Le sport est très théâtral »

L’artiste a mené une véritable enquête auprès de championnes dans ces disciplines. Caméra vidéo au poing, elle les a suivies dans leur pratique et dans leur intimité. Et a été très bien accueillie. Certaines athlètes lui ont même fait des suggestions sur la manière de filmer. « J’ai dû inventer une façon de capturer leur pratique qui diffère de celle qu’on a l’habitude de voir, qui soit plus artistique. »
Chaque discipline a donné naissance à un spectacle, comme autant de variations autour d’un thème. «Au fur et à mesure, ma réflexion a évolué vers quelque chose de plus physique, presque une performance», raconte Judith Depaule.

Tandis que des images des athlètes s’affichent sur écran, une comédienne incarne physiquement les différentes facettes de la pratique. « Le sport a quelque chose de très théâtral. J’ai développé et sublimé les éléments exploitables sur scène. Amplifiés, certains mouvements deviennent de la danse, par exemple. » Philippe Macasdar, directeur du Théâtre Saint-Gervais, a accepté avec enthousiasme de montrer ce travail. Mais il a demandé à Judith Depaule d’y ajouter un volet plus local. L’artiste a donc rencontré douze Romandes pratiquant à un niveau amateur ou olympique lutte, judo, boxe, tir à l’arc, skate, tchoukball ou ski nautique. « J’ai essayé de les laisser se raconter telles qu’elles sont: leurs motivations, leur ressenti, leur féminité et les problèmes auxquels elles se heurtent, notamment le manque de soutien officiel. »
Ces prises de vue sont mises en scène dans l’exposition à Saint-Gervais. Le portrait de chaque sportive se répartit sur quatre écrans avec lesquels le visiteur interagit. Tandis que se déroule l’interview sonore, on peut choisir de donner plus d’importance aux images de l’athlète en train de parler, à celles où elle pratique sa discipline ou à celles de sa vie privée. « Le public peut recréer la vision qu’il a de ces sportives, son propre stéréotype. » Sous une forme plus classique, les entretiens réalisés pendant cette en quête donneront naissance à un DVD documentaire.

Représentatif de la société

Dernier volet de cet événement thématique, une conférence de la metteure en scène sur sa démarche, organisée à l’Université. La Ville ne pouvait pas laisser passer une telle occasion de parler de discrimination par le genre ancrée dans le quotidien. « Le sport est très représentatif de la société, relevait hier Sandrine Salerno, maire de Genève. Dans la pratique sportive, l’inégalité demeure, que ce soit dans les moyens mis à dis position, la couverture médiatique ou la part de femmes parmi les dirigeants sportifs. » Les interrogations demeurent donc. Pour Judith Depaule aussi, qui ne peut tirer de conclusions sur la pratique sportive féminine: « Chaque cas étant différent, mon portrait est forcément mouvant. » Elle a cependant été frappée par les points communs entre sportives et artistes. « Le fait de consacrer sa vie à une seule activité, l’obsession, le renoncement… Parfois, j’avais l’impression d’avoir un miroir en face de moi. »

« Corps de femme », au Théâtre Saint-Gervais, rue du Temple 5.
Exposition du ma au di de 12 h à 18 h, jusqu’au 25 mai.
Spectacles du lu 12 au sa 17 mai.
Conférence me 7 mai à 18 h 30 à Uni Dufour, salle U300.
www.saintgervais.ch

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La Terrasse / Manuel Piolat Soleymat / "Corps de femme" / 02.03.13

Corps de femme

Après Vous en rêvez (Youri l’a fait) en 2008 et Même pas morte en 2010, la metteure en scène Judith Depaule revient à la Scène nationale de Saint-Quentin-en-Yvelines avec deux créations de la série Corps de femme.

Crédit : Eric Garault Légende : Le Marteau, l’une des créations de la série Corps de femme.

Fondé en 2001 en Seine-Saint-Denis, le collectif d’artistes multidisciplinaires Mabel Octobre crée des œuvres qui interrogent « des zones de non-existence », qui mettent en œuvre « un travail de mémoire et de réhabilitation ». Directrice artistique de cette compagnie, la metteure en scène Judith Depaule présente Le Marteau et Le Ballon ovale au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines : deux volets du quadriptyque Corps de femme qui explore, « à travers des portraits de sportives qui s’adonnent à des sports considérés comme physiques et masculins », les critères de féminité. Entre confessions théâtralisées et projections de documentaires filmés, ces deux créations éclairent les parcours de la Polonaise Kamila Skolimovska (première championne olympique du lancer de marteau féminin, en 2000), et des joueuses des équipes de rugby de Bobigny et de Soisy-sous-Montmorency. Deux façons de creuser « la question du genre et de la sexuation de nos comportements ».

Manuel Piolat Soleymat

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Rue89 / Blog Balagan / Jean-Pierre Thibaudat / "Marteau, haltères, rugby : Judith Depaule met en scène des sportives" / 29/01/13

Marteau, haltères, rugby : Judith Depaule met en scène des sportives

Marteau, rugby, haltérophilie, ce ne sont pas des sports que la vox populi considère comme naturellement féminins. C’est ce douteux « naturellement » que Judith Depaule interroge à travers les corps et les témoignages vidéo de sportives de haut niveau et de trois actrices (une par discipline), dans trois compositions scéniques très performantes.

Trois spectacles qui peuvent être vus séparément ou, encore mieux, en continuité.

La lanceuse de marteau polonaise

C’est la Polonaise Kamila Skolimowska, championne olympique de marteau à 17 ans et demi, qui va le plus loin dans la contestation du « naturellement ». Elle est persuadée qu’un jour viendra où les femmes dépasseront les hommes. Et dans tous les domaines.

Excepté le poids de la boule métallique (4 kg contre 7,25 kg pour les hommes), rien ne diffère le marteau féminin de sa version masculine. Ni l’aire de lancement, ni la vitesse d’exécution, ni l’entraînement. Et pourtant, ce sport féminin n’a été homologué qu’en 2000 pour les jeux de Sydney. La sportive polonaise raconte comment elle vivait dans l’attente de voir ce sport enfin reconnu comme discipline olympique pour pouvoir participer aux J.O.

Filmée en plongée, une jeune fille espiègle fait l’inventaire historique des idées reçues sur le sport au féminin, qui apparaissent aussi ridicules aujourd’hui que les propos des adversaires du Pacs, et comme seront ridicules dans quelques années les propos actuels contre le mariage homo.

Ainsi, Pierre de Coubertin, l’âme des J.O modernes, pensait, nous dit-elle, que le rôle des femmes dans un stade olympique devait se limiter à couronner les vainqueurs. A quand un match de foot américain féminin avec des hommes en pom-pom boys ?

Performances et tests de féminité

Si l’écran vidéo et les deux moniteurs télé de chaque côté sont plus ou moins communs aux trois spectacles (restitution d’images d’entraînement et travail filmique autour des sportives), il en va tout autrement de l’espace du jeu et du look de l’actrice.

Ici, un tracé au sol reproduit l’angle de lancement du marteau, mais l’actrice (Marie de Basquiat) porte une robe longue. Ce qu’elle fait sur le plateau est à la fois comme un prolongement, un contrepoint de la sportive (j’allais écrire « de l’artiste », mais c’est tout comme) et une transfiguration scénique de la complexité gestuelle du lancer de marteau.

« Corps de femme 1 Pologne » (Mabel Octobre)

Via l’actrice, Judith Depaule met l’accent sur la question du genre. Après avoir évoqué les tests de féminité (obligatoires jusqu’en 1999 pour les sportives effectuant des compétitions), l’actrice interroge le public sur le sujet. Une façon pour Judith Depaule de prolonger ce qui fut son interrogation première au seuil de ce travail :

« La question du genre et de la sexuation de nos comportements provoque chez moi un trouble profond. »

Equipes de rugby féminin en France

Tout au long du second spectacle consacré au rugby féminin, l’actrice (Aude Schmitter) effectue un véritable échauffement (abdos, étirements, courses, etc.) sur un sol vert. La configuration est autre et c’est un sport collectif. Les règles du rugby à 15 féminin sont les mêmes que celles de son homologue masculin et se jouent sur le même terrain.

Ce n’est qu’en 1989 que le rugby féminin a été intégré à la Fédération française de rugby. Il y a un championnat, plusieurs divisions ; c’est un sport en pleine progression. Judith Depaule a interviewé quinze joueuses.

Leurs propos sur la camaraderie, la solidarité avec les nouvelles (le jour des premières douches communes par exemple) et l’affirmation de soi sont autrement plus intéressants que les habituels propos d’après match des joueurs mâles.

Très tonique, charpentée, d’une élégante décontraction, on croirait que l’actrice est elle-même une joueuse de l’Athletic club de Bobigny ou du Rugby club de Soisy-Andilly-Margency, les deux clubs auprès desquels Judith Depaule a enquêté.

La championne de l’haltérophilie turque

Le troisième spectacle nous entraîne en Turquie, où l’haltérophile Nurcan Taylan, née en 1985, fut la première sportive turque à avoir décroché une médaille d’or aux J.O. La force est là centrale. Mais cela ne va pas sans endurance, concentration, coordination et technique millimétrée. Le poids de l’athlète n’est pas proportionnel à celui soulevé. On peut être une femme bien foutue et soulever des poids impressionnants.

« Corps de femme 3 Turquie » (Mabel Octobre)

Judith Depaule a eu la bonne idée de confier le rôle non pas à une actrice, mais à une danseuse, Elisa Yvelin. Fine, gracieuse – mais cela ne se voit pas tout de suite, affublée qu’elle est de faux muscles (biceps, mollets, cuisses), de faux seins et de faux abdominaux.

Le langage est ici d’abord celui du corps et les mouvements de la danseuse à l’heure de soulever les poids sont à peine stylisés, mais son allure la déréalise. Le corps ne ment pas, sauf au théâtre. Le corps de l’actrice-danseuse devient un lieu de projection de réseaux musculaires, de flux sanguins ; tout un langage.

A la fin, alors que la partie vidéo se termine sur une vue de la salle d’entraînement vide en Turquie, une surimpression nous apprend que Nurcan Taylan a été suspendue en 2012 pour quatre ans. Dopage.

Cet enchaînement narratif imprévu conduira tout droit au dernier volet de la tétralogie sur le corps féminin, que Judith Depaule veut achever par un voyage dans l’ex-RDA, auprès de sportives victimes de dopages intensifs. Des femmes que le pouvoir politique voulait fortes comme des hommes pour glorifier le régime, des femmes esclaves des hommes.

Jean-Pierre Thibaudat

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Mensuel de l’UFOLEP et l’USEP, n°445 / UFOLEP & USEP / "En jeu, une autre idée du sport" / 04.11

En jeu, une autre idée du sport

Auteur et metteur en scène, Judith Depaule s’est lancée avec sa compagnie Mabel Octobre dans Corps de femme, une quadrilogie dédiée aux pratiquantes de sports jugés « virils ».
Les deux premiers volets sont consacrés à la première championne olympique du lancer du marteau, récemment décédée, et à une équipe de rugby.

« Enfant, j’aimais sauter sur le trampoline du Club Mickey et croire que je pourrais surplomber l’océan. J’affectionnais particulièrement le trapèze qui pendait sur un portant au milieu du grand champ de blé. J’en ai fait quelques années plus tard dans un club de la rue Montorgueil à Paris. J’ai aussi suivi une saison un entraînement de natation à la piscine David d’Angers. Avant j’avais essayé la danse classique. Notre professeur nous plaçait des barres en fer dans le dos pour que nous nous tenions droites en éructant que nous étions : « nulles!!! ». Dommage, j’étais plutôt douée et j’aimais le chignon que me faisait ma grand-mère.
Mes premières images de sport à la télévision ont été des images en noir et blanc. J’appréciais entre toutes celles du patinage artistique, celles des lancers me fascinaient. Et puis, j’ai arrêté de regarder. Au Caire dans un des grands cinémas du centre, je suis tombée sur un film de  Robert Aldrich introuvable en France, Deux filles au tapis, avec Peter Falk dans le rôle de l’entraîneur. Autour de moi un public exclusivement masculin la même émotion que si les catcheuses se donnaient en spectacle devant eux.
J’ai été invitée aux championnats d’athlétisme turcs à Izmir. Je n’avais jamais mis les pieds dans un stade. Il y avait autant de spectateurs que d’athlètes et pourtant je n’ai rien vu. J’ai compris combien ma perception du sport était conditionnée par le petit écran. À la Coupe du monde de rugby féminin à Londres, mon sentiment s’est confirmé quand, après avoir assisté au match France-Écosse sur le bord du terrain, c’est derrière les écrans de la cafétéria de l’organisation que j’ai suivi la rencontre, sublimée par dix caméras et un mixage en direct. e me souviens aussi que je répétais un spectacle sur l’affaire des disparus du Beach du Congo-Brazzaville, quand un sentiment morbide s’est mis à m’envahir insidieusement. Tard le soir, le téléphone a sonné et une voix a énoncé que Kamila Skolimowska était morte. La première championne olympique du lancer de marteau féminin venait de mourir à 26 ans des suites d’une embolie pulmonaire. Je lui avais consacré mon Corps de femme numéro 1… »

Suite101.fr / Géraldine Grand Colas / "Les athlètes sont-elles des hommes comme les autres ?" / 28.05.10

Les athlètes sont-elles des hommes comme les autres ?

Dans sa nouvelle pièce, Judith Depaule lance le débat sur les critères de féminité, à travers le prisme d’un sport réputé « masculin » : le marteau.

Dans le théâtre de Judith Depaule, rien n’est anecdotique, tout interroge et mène au débat. Après Qui a tué Ibrahim Akef ? et Même pas morte, c’est encore le cas de Corps de femme 1 – le marteau, premier volet d’une quadrilogie sur les femmes et le sport, actuellement à l’espace Confluences (Paris 20).

Dès les premières minutes, différentes voix entrent dans le vif du sujet et défendent leurs propres critères de féminité. Une journaliste du Elle polonais ouvre le bal, en déclarant que la femme est aujourd’hui aussi forte que l’homme et qu’elle tend à le dépasser, obéissant d’ailleurs à une sorte de logique sociale. Une actrice, voix sucrée et grands yeux naïfs, apparaît ensuite en contre-plongée pour asséner une série de banalités du type : la femme est le sexe faible, elle est logiquement plus fragile que l’homme qui doit la protéger, et ses sports de prédilection sont la danse, le patin à glace ou, à la rigueur, la gymnastique d’entretien.

Prise en sandwich entre ces deux visions caricaturales, l’une réelle, l’autre fictive, la comédienne, Marie de Basquiat, reprend le témoignage de l’athlète polonaise Kamila Skolimowska, première championne olympique du lancer du marteau : « Le marteau n’est pas une discipline féminine et alors ? Si les femmes veulent le pratiquer et se sentent bien en le pratiquant, si ça fait partie de leur vie, qu’est-ce que ça peut faire que ce ne soit pas une discipline pour les femmes ? Moi, je pourrais tout aussi bien dire que la danse classique n’est pas faite pour les hommes ou que, quand les hommes dansent, ils se ridiculisent. Et alors ? Si ça fait partie de leur vie, s’ils se réalisent, s‘ils ont ça dans la peau, ça va. Aucun sport n’est réservé à un sexe… »

Géraldine Grand Colas

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Froggy's Delight / Laurent Coudol / "Spectacle conçu, mis en scène et scénographié par Judith Depaule, avec Marie de Basquiat" / 05.10

Spectacle conçu, mis en scène et scénographié par Judith Depaule, avec Marie de Basquiat

Judith Depaule présente avec Le marteau la première partie d’un création qui en comportera quatre visant à s’interroger sur la place de la femme aujourd’hui dans l’union européenne. C’est à travers le portrait de sportives qui pratiquent des sports qu’on considère plus volontiers comme physiques et masculins (haltérophilie, lutte, lancer, rugby) qu’elle cherche à pointer du doigts l’inégalité des sexes.

Les sportives qui pratiquent ces disciplines développent généralement une musculature qu’on n’associe pas à la féminité. Quelles relations ces sportives entretiennent-elles avec leur corps, quel est leur rapport à la séduction, comment vivent-elles le regard des autres?

Dans Le Marteau, Judith Depaule s’intéresse au cas de Kamila Skolimowska, première championne polonaise de lancer de marteau, puis première championne olympique lorsque cette discipline entre aux jeux en 2000.

Le marteau est une discipline de l’athlétisme qui réclame puissance, force, souplesse, vitesse, technique et coordination. Un bon lancer est obtenu grâce à la vitesse d’éxécution du mouvement, la force centrifuge appliquée au marteau en trois ou quatre tours d’élan se transforme en énergie, qui en fonction de l’angle du lancer, permettra au marteau d’atteindre une certaine distance.

Le mouvement : Marie de Basquiat dans l’espace restreint de la scène, tel le cercle dans lequel Kamila Skolimowska doit évoluer, se déplace avec équilibre. Le spectateur peut se concentrer sur le jeu de l’actrice tout en intégrant les informations sur l’athlète lors d’interviews diffusées en vidéo.

La technique : D’abord, il y a le jeu impeccable de Marie de Basquiat, qui malgré une silhouette très féminine, incarne la championne polonaise, Kamila Skolimowska, qui avait commencé sa carrière sportive à l’âge de 12 ans comme haltérophile. Ensuite, il y a l’utilisation de la vidéo afin de montrer le corps de l’athlète, l’entraînement, le mouvement des pieds, ce qu’elle-même voit lorsque, en rotation, elle s’apprête à lancer le marteau. Il y a aussi les séances de détente, piscine, massages, importantes pour appréhender le corps de la championne. La vidéo permet donc une approche plus documentaire.

L’angle horizontale : Le lancer du marteau se fait à partir d’une cage en forme de U, selon un angle de 34°92, à travers une ouverture de 4 m. L’angle selon lequel le sujet est abordé est forcément restrictif. La place de la femme dans divers pays européens à travers l’image de sportives pratiquant des disciplines d’habitude plutôt réservées aux hommes peut-elle mener à des réflexions nouvelles?

Contrairement à toutes les pièces et à la littérature qui aborde la féminité au travers du prisme du lesbianisme, cette approche a le mérite d’être moins idéologique. On regrette néanmoins l’absence de traitement du thème de la sexualité. En plus, la mort prématurée de Kamila Skolimowska ne peut empêcher de se poser des questions sur le dopage dans le sport de haut niveau et en particulier sur la prise d’hormones. La féminité est abordée selon l’angle des tests de féminité dans le sport, tests scientifiques, mais aussi considérés comme dégradants et injustes.

L’angle verticale : Selon l’angle verticale du lancer, le marteau atterrira plus ou moins loin. On regrette que le spectacle de Judith Depaule s’intitule Corps de femme mais n’aborde pas la notion de transformation du corps.

Car, en effet, Kamila Skolimowska avait-elle des prédispositions lorsqu’elle se lance dans la pratique de l’haltérophilie à 12 ans? Quelles sont ses motivations, le sujet est abordé mais son traitement reste superficiel puisque si le rôle du frère est abordé, celui des parents ne l’est jamais. Quel a été le rôle de l’entourage? A-t-elle eu une vie amoureuse? Ce dernier point n’est pas du tout traité alors que le corps est évidemment objet de séduction, mais aussi de désir et de satisfaction du désir.

Au final, Kamila Skolimowska fait penser à la hyène tachetée dans la mesure où, chez ces animaux, la femelle a un taux de testostérone plus élevé que chez le mâle, est donc plus massive et plus agressive que le mâle. Le portrait de Kamila Skolimowska dans un décor autre que celui du stade et des salles de musculation aurait sûrement permis d’approfondir des question comme : Quel est le rapport de Kamila Skolimowska aux hommes et aux autres femmes? Et plus généralement, pour cette championne, qu’est-ce que la féminité? Comment la perçoit-elle? Comment la définit-elle naturellement, culturellement, socialement ou politiquement? Ces thèmes sont abordés, mais on regrette qu’ils ne soient pas plus approfondis et illustrés.

Malgré une réflexion qui, bien qu’éloignée des lieux communs, semble plus s’intéresser à l’athlète qu’à la femme, ce spectacle, par le jeu, par l’installation vidéo et la mise en scène qui l’utilise parfaitement, est réussi dans sa forme. Il a surtout l’intérêt de soulever des questions intéressantes qui, on l’espère, seront à nouveau abordées dans les trois prochains spectacles du quadriptyque.

Laurent Coudol

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Théâtrorama - le panorama du spectacle bien vivant / Agathe Parmentier / "Corps de femme 1- Le marteau" / 28.05.10

Corps de femme 1- Le marteau

« Une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte. Le véritable héros olympique est à mes yeux, l’adulte mâle individuel. Les J.O. doivent être réservés aux hommes, le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs. » Partant de cette citation de Pierre de Coubertin, père des Jeux Olympiques modernes, Judith Depaule et la compagnie Mabel Octobre nous présentent la première étape de Corps de femme, création en quatre parties questionnant le rapport à la féminité par le prisme des femmes athlètes.

Le propos est ici de mettre en lumière le tiraillement permanent de l’athlète soumise à des désirs contradictoires: ne pas décevoir ceux qui croient en elle, être la meilleure et être désirée malgré cette musculature surdéveloppée. Le fait que Kamila Skolimowska soit décédée un an après la création du spectacle invite à se questionner avec d’autant plus de force sur les contraintes et pressions auxquelles sont soumises ces athlètes de haut niveau. « Être une femme, c’est de plus en plus être un homme » Toute l’ambivalence de cette affirmation repose dans le fait que la société exige de la femme qu’elle soit douce, délicate et féminine, tout en la contraignant à l’agressivité lorsqu’elle souhaite entrer dans la compétition et s’assurer le respect de ses pairs. Le marteau est donc le premier des quatre volets de la création consacrée à l’étude de l’image de la femme au travers de l’exemple d’athlètes pratiquant des sports considérés comme exclusivement masculins. A partir du portrait de Kamila Skolimowska, la première championne olympique de lancer de marteau, Judith Depaule pose le questionnement du rapport à l’autre, de la séduction et des sacrifices nécessaires pour atteindre ses objectifs.

Robe blanche et chaussures de sport aux pieds, Marie de Basquiat se fait incarnation et voix française de la championne. Crédible malgré une carrure des plus féminines, la jeune actrice est réellement touchante.

L’humour n’est pas écarté et la réflexion bien présente. Une nouvelle fois, en alliant jeu et spectacle multimédia, Judith Depaule parvient à reconstruire une réalité faite de nuances et d’émotions, sans jamais céder aux lieux communs.

Agathe Parmentier

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Dziennik / Dziennik / "Corps de femme, le marteau au Polonia" / 25.09.08

Corps de femme, le marteau au Polonia

Kamila Skolimowska est la première femme de l’histoire a avoir remporté l’or olympique au lancer du marteau. C’est une discipline profondément masculine qui demande une force extrême.

Le lancer du marteau féminin a été introduit pour la première fois aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000. C’est là que l’athlète polonaise a remporté le titre de championne, âgée de tout juste 17 ans. Judith Depaule (actrice française, metteur en scène et traductrice du russe) présente actuellement le spectacle Corps de femme – le marteau qu’elle a écrit au Théâtre Polonia à Varsovie.

À travers le portrait de Kamila Skolimowska – interprété par Bogusława Schubert – le spectacle – semi-multimédia, semi-documentaire – essaye de briser les stéréotypes que l’on trouve encore dans notre société sur le corps de la femme et les critères de féminité. Judith Depaule pose les questions suivantes : Que signifie aujourd’hui être une femme? Qu’est-ce que la féminité? Comment se sent-on quand on choisi  comme profession le lancer de marteau et qu’on est une athlète de haut niveau?

La pièce Corps de femme, le marteau est la première étape d’un vaste projet en quatre parties, qui ont pour objet d’autres disciplines (poids, disque, javelot, marteau). Chacune de ces étapes sera mise en oeuvre dans un autre pays européen : en plus de la Pologne, la France, l’Allemagne et la Turquie. Toutes les parties du cycle seront enfin réunies dans un seul et même spectacle.

Corps de femme, le Marteau / Ciało kobiety, młot au Théâtre Polonia, première en version polonaise le 11 Octobre, en version française le 18 Octobre.

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Ciało kobiety, młot w Polonii

Kamila Skolimowska jest pierwszą kobietą w historii, która zdobyła olimpijskie złoto w rzucie młotem. To dyscyplina zdecydowanie męska i skrajnie siłowa.

Rzut młotem kobiet został rozegrany po raz pierwszy dopiero na Igrzyskach Olimpijskich w Sydney w 2000 roku. I to właśnie tam polska sportsmenka zdobyła tytuł mistrzyni, mając zaledwie 17 lat. Monodram Corps de femme, le Marteau /Ciało kobiety, młot  napisała Judith Depaule (francuska aktorka, reżyser i tłumaczka z rosyjskiego), która teraz wyreżyseruje go dla warszawskiego Teatru Polonia.

Poprzez portret Kamili Skolimowskiej – w interpretacji Bogusławy Schubert – spektakl – na poły multimedialny, na poły dokumentalny – próbuje zburzyć stereotypy, które ciągle jeszcze tkwią w naszym społeczeństwie na temat ciała kobiety i kryteriów kobiecości. Judith Depaule stawia następujące pytania: Co znaczy być dzisiaj kobietą? Czym jest kobiecość? Co się czuje, kiedy jako zawód uprawia się rzucanie młotem i jest się wysokiej klasy sportsmenką?

Spektakl Corps de femme, le Marteau / Ciało kobiety, młot stanowi pierwszy etap większego projektu składającego się z czterech części, których tematem są także inne dyscypliny w rzutach (kula, dysk, oszczep, młot). Każdy z etapów będzie realizowany w innym kraju europejskim: poza Polską także we Francji, w Niemczech i Turcji. Na zakończenie wszystkich części cyklu ułożą się w jeden duży spektakl.

Corps de femme, le Marteau / Ciało kobiety, młot, Teatr Polonia; premiera : (polska wersja językowa) 11 października; (francuska wersja językowa) 18 października.

Rzeczpospolita / Agnieszka Rataj / "Première de Corps de femme 1 - le marteau en polonais" / 01.08

Première de Corps de femme 1 - le marteau en polonais

Le Théâtre Polonia inclue une fois de plus les femmes à son répertoire. Première de Corps de femme, le marteau, inspiré par la vie Kamila Skolimowska, ce samedi.

Judith Depaule, auteur du texte et metteur en scène, a travaillé avec divers collectifs qui mélangeaient le théâtre avec de la musique et de la vidéo et portaient à la scène des textes contemporains et non théâtraux. En 2000, elle a fondé la compagnie Mabel Octobre, tournée vers les technologies numériques et le théâtre documentaire.

C’est ce parcours qu’elle a suivi et qu’on retrouve dans la réalisation de ses spectacles.
Y compris, dans Corps de femme 1 – le marteau, première partie d’un projet international, dont chacune des étapes sera mis en oeuvre dans d’autres pays : en France, en Allemagne et en Turquie. Travail qui s’achèvera par  la réunion de tous les sujets dans un seul spectacle.

La partie polonaise s’inspire de la vie de la sportive Kamila Skolimowska – première femme de l’histoire médaillée d’or olympique en lancer du marteau. Très jeune, en plus, Skolimowska avait à peine 17 ans. Son portrait, joué par Boguslawa Schubert, tente de répondre à la question de la féminité chez les athlètes féminines qui pratiquent des disciplines masculines.

Depaule construit son spectacle en recourant au multimédia (Skolimowska apparaîtra grâce à des films faits spécialement pour l’occasion ).
Nous allons voir avec quelle force cette équipe féminine va s’efforcer de mettre à mal les stéréotypes de notre inconscient collectif.

Agnieszka Rataj

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Premiera Ciało kobiety 1 młot w Polonii

Teatr Polonia kolejny raz wraca do nurtu kobiecego w swoim repertuarze. Premiera sztuki «Ciało kobiety, młot», inspirowanej życiem Kamili Skolimowskiej, już w sobotę.

Judith Depaule, autorka tekstu i reżyserka, współpracowała z różnymi grupami łączącymi teatr z muzyką i wideo, wprowadzającymi na scenę teksty współczesne i nieteatralne. A w 2000 roku założyła grupę Mabel Octobre – teatr bazujący na technologiach cyfrowych i dokumentalnych.

To droga, która jej odpowiada i którą wykorzystuje przy realizacji swych spektakli. Przykładem może być właśnie «Ciało kobiety, młot» – pierwsza część międzynarodowego projektu, którego każdy z etapów będzie realizowany w innym kraju: Francji, Niemczech, Turcji. Praca zakończy się połączeniem kilku wątków w jeden spektakl.

Polska część została zainspirowana życiem sportsmenki Kamili Skolimowskiej – pierwszej kobiety w historii nagrodzonej złotym medalem olimpijskim za rzut młotem. W dodatku bardzo młodej – Skolimowska miała zaledwie 17 lat. Jej portret w wykonaniu Bogusławy Schubert jest próbą odpowiedzi na pytanie, co dzieje się z kobiecością zawodniczki uprawiającej skrajnie męską dyscyplinę.

Depaule konstruuje spektakl, korzystając z multimediów (Skolimowska pojawi się w specjalnym filmie). Zobaczymy więc, jak silna kobieca drużyna spróbuje zburzyć tkwiące w myśleniu zbiorowym stereotypy.

Agnieszka Rataj

Przeglad Sportowy / Raphael Bala / "Le Théâtre Skolimowska" / 01.08

Le Théâtre Skolimowska

– En Mars, des personnes du théâtre Polonia m’ont appelé pour me proposer de participer à ce projet. J’ai consulté mon coach et mon sponsor – Samsung. Ils n’avaient pas d’objections, nous nous sommes donc mis au travail – dit Kamila Skolimowska, championne olympique de lancer du marteau.

Comment se fait-il qu’une pièce de théâtre a été créé d’après votre expérience sportive ?

– En Mars, des personnes du théâtre Polonia m’ont appelé pour me proposer de participer à ce projet. J’ai consulté mon coach et mon sponsor – Samsung. Ils n’avaient pas d’objections, nous nous sommes donc mis au travail.

A quoi  a-t-il ressemblé ?

L’équipe est venue jusqu’à Spala, où je m’entraînais. Ils ont mis deux caméras sur moi : une sur le bras et l’autre sur le cou. Une filmait ce que je vois, et l’autre ce que voient les supporters. J’ai aussi beaucoup discuté avec la metteur en scène Judith Depaule et l’actrice Boguslawa Schubert.

Qu’est ce qu’on pourra voir et entendre au Théâtre Polonia ?

Un spectacle d’une heure, où une actrice reprend mes propres paroles sur la vie quotidienne d’une sportive, les entraînements, la préparation. Dans le fond, un projecteur vidéo affiche des moments d’exercices, de situations familiales. Je suis présentée non seulement comme une athlète, mais surtout comme une femme.

L’idée de la pièce est de briser le stéréotype  selon lequel les lanceuses de marteau ne sont pas féminines. Une femme comme vous a-t-elle des complexes?

– Je ne me sens pas concernée, je m’accepte comme je suis, j’aime mon corps. Mais certaines filles peuvent avoir un problème avec ça.

C’est le premier contact que vous avec le théâtre du point de vue de la scène, avez vous déjà eu l’occasion de jouer?

– Je trouve cela très embarrassant, j’ai toujours eu un problème avec ça, parce je suis gênée.Je me souviens avoir joué dans mon enfance la Mer Rouge et j’ai à peine réussi à dire quelque mots. Aujourd’hui, quand je suis assise dans les gradins à écouter mes mots sortant de la bouche de l’actrice, je me sens rougir.

Vous avez récemment été opérée d’une hernie. Tout va bien?

– Oui, je me suis rapidement remise. Dans quelques jours, je dois consulter un médecin, en attendant je prend des vacances. A mon retour je préparerai la saison prochaine avec un nouvel entraîneur. En effet, j’arrête de travailler avec Peter Zaitsev. Maintenant, je vais m’entraîner avec Christopher Kaliszewskim, qui s’occupe de Simon Ziolkowski.

Corps de femme, le marteau au Polonia
Corps de femme, le Marteau a été écrit par  Judith Depaule (actrice française, metteur en scène et traducteur du russe), qui le met en scène en ce moment au Théâtre Polonia à Varsovie.
Première : (version polonaise) le 11 octobre, (version française) le 18 octobre.

Raphael Bala

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W Teatrze Skolimowska

– W marcu zadzwonili do mnie ludzie z teatru Polonia i zaproponowali udział w tym projekcie. Skonsultowałam to z trenerem i sponsorem – firmą Sarasung. Nie mieli obiekcji, więc zaczęliśmy współpracę – mówi Kamila Skolimowska, mistrzyni olimpijska w rzucie młotem.

Jak to się stało, że powstała sztuka na podstawie pani doświadczeń sportowych?

– W marcu zadzwonili do mnie ludzie z teatru Polonia i zaproponowali udział w tym projekcie. Skonsultowałam to z trenerem i sponsorem – firmą Sarasung. Nie mieli obiekcji, więc zaczęliśmy współpracę.

Jak ona wyglądała?

– Ekipa przyjechała do Spały, gdzie trenowałam. Założono mi dwie kamery na rękę i na szyję. Jedną filmowano to, co widzę podczas rzutu, a drugą to, co widzą kibice. Od tamtego czasu dużo rozmawiałyśmy z reżyserką Judith Depaule i aktorką Bogusławą Schubert.

Co będzie można zobaczyć i i usłyszeć w teatrze Polonia?

– To godzinna sztuka, w której bohaterka moimi słowami opowiada o codziennym życiu sportsmenki, treningu, przygotowaniach. W tle z projektora wyświetlane są fragmenty ćwiczeń, ale i sytuacje rodzinne. Jestem przedstawiona nie tylko jako zawodniczka, ale przede wszystkim jako kobieta.

Ideą sztuki jest przełamanie stereotypu młociarki jako osoby pozbawionej kobiecości. Na pani taki kompleks?

– Mnie to nie dotyczy, bo akceptuję siebie taką, jaka jestem, lubię swoje ciało. Ale niektóre dziewczyny mogą mieć z tym problem.

To pierwsza styczność z teatrem z perspektywy sceny, czy miała pani już kiedyś okazję zagrać?

– Byłam bardzo wstydliwa, zawsze miałam z tym problem, bo się peszyłam. Pamiętam, jak w dzieciństwie zagrałam Morze Czerwone i ledwie udało mi się cokolwiek powiedzieć. Dziś, kiedy siedzę na trybunach i słucham swoich słów płynących z ust aktorki, oblewam się rumieńcem…

Niedawno przeszła pani operację przepukliny. Czy już wszystko w porządku?

– Tak, szybko się goi. Za kilka dni mam konsultację lekarską, potem wyjeżdżam na wakacje. A po powrocie przygotowania do kolejnego sezonu z nowym trenerem.
Rzeczywiście. Zakończyliśmy współpracę z Piotrem Zajcewem. Teraz będę trenować z Krzysztofem Kaliszewskim, który zajmuje się Szymonem Ziółkowskim.

Monodram « Corps de femme, le marteau / Ciało kobiety, młot » napisała Judith Depaule (francuska aktorka, reżyser i tłumaczka z rosyjskiego), która teraz wyreżyseruje go dla warszawskiego Teatru Polonia. Premiera: (polska wersja językowa) 11 października; (francuska wersja językowa) 18 października.

Rafał Bała