Le risque zéro ça n’existe pas

d’après In Situ de Patrick Bouvet

Objet hybride entre spectacle vivant, concert et exposition sous forme déambulatoire, né de la rencontre entre l’auteur Patrick Bouvet, le compositeur Laurent Dailleau, la metteur en scène Judith Depaule et les vidéastes Promyzva (Galina Myznikova et Serguei Provorov).

durée 1h20
captation vidéo disponible sur demande en DVD et en téléchargement

création à l’Arsenal, Centre National d’Art contemporain, en Russie à Nijni-Novgorod, le 7 septembre 2011
déambulation pour 12 acteurs et 12 Ipads
jauge de 24 à 60 spectateurs

tout public

INTENTION

Fruit d’une collaboration artistique franco-russe, LE RISQUE ZÉRO, ÇA N’EXISTE PAS, s’organise comme un dialogue entre plusieurs artistes autour d’un texte, In situ, de Patrick Bouvet, pour créer un nouveau langage entre corps, texte, musique, vidéo et tablettes numériques. Par groupes de 24 à 60 maximum, les visiteurs-spectateurs sont conduits par 12 acteurs-guides à la fois inquiétants et rassurants dans un espace vide de toute œuvre apparente. 12 iPads sont manipulés par les acteurs-guides qui les agencent selon de multiples combinaisons et parfois les remettent au public.

Qu’est-ce qui compose notre paysage mental aujourd’hui ? Quels sont les événements qui nous hantent, nous consument, nous font rêver ? Comment échapper à l’emprise des médias et aux images qu’ils insufflent dans nos crânes ? aux peurs du monde contemporain ? La question du risque est au chœur de nos sociétés, celles-ci la brandissent constamment comme un épouvantail pour étouffer toute forme de contestation et de marginalité. Quotidiennement, l’actualité mondiale l’entérine. Quel espace nous reste-t-il pour exister ?

[...]

INTENTION

LE RISQUE ZÉRO, ÇA N’EXISTE PAS se veut un objet hybride entre spectacle vivant, concert et exposition, produit d’une collaboration d’artistes du devant de la scène contemporaine européenne : l’auteur Patrick Bouvet, le compositeur Laurent Dailleau, la metteure en scène Judith Depaule et les vidéastes Promyzva (Galina Myznikova et Serguei Provorov).

Fruit d’une collaboration artistique franco-russe, LE RISQUE ZÉRO, ÇA N’EXISTE PAS, s’organise comme un dialogue entre plusieurs artistes autour d’un texte, In situ, de Patrick Bouvet, pour créer un nouveau langage entre corps, texte, musique, vidéo et tablettes numériques. Par groupes de 24 à 60 maximum, les visiteurs-spectateurs sont conduits par 12 acteurs-guides à la fois inquiétants et rassurants dans un espace vide de toute œuvre apparente. 12 iPads sont manipulés par les acteurs-guides qui les agencent selon de multiples combinaisons et parfois les remettent au public.

Qu’est-ce qui compose notre paysage mental aujourd’hui ? Quels sont les événements qui nous hantent, nous consument, nous font rêver ? Comment échapper à l’emprise des médias et aux images qu’ils insufflent dans nos crânes ? aux peurs du monde contemporain ? La question du risque est au chœur de nos sociétés, celles-ci la brandissent constamment comme un épouvantail pour étouffer toute forme de contestation et de marginalité. Quotidiennement, l’actualité mondiale l’entérine. Quel espace nous reste-t-il pour exister ?

GENÈSE DU PROJET

L’Arsenal, Centre national d’art contemporain de Nijni Novgorod en Russie (filiale de l’organisation muséale centrale basée à Moscou), qui occupe l’ancienne armurerie du Kremlin en plein centre ville, développe depuis quelques années le programme « synthèse » qui cherche à croiser la vidéo avec d’autres arts. En 2011, l’Arsenal invite Judith Depaule et ses collaborateurs à rencontrer deux de ses artistes locaux, Provmyza (Galina Myznikova, Sergueï Provorov) autour d’un texte français et à créer une forme synthétique, une exposition-spectacle.

Créé en septembre 2011, LE RISQUE ZÉRO, ÇA N’EXISTE PAS, a été présenté au public sous forme de déambulatoire dans les caves de l’Arsenal (long couloir de 100m) à Nijni Novgorod, ainsi qu’à Oulianovsk dans la salle et sur la scène d’un théâtre désaffecté, le Palais de la Culture Tchkalov.

TEXTE

Le point de départ d’In Situ est un fait-divers relaté dans la presse : le passage d’une femme à travers les barrages de sécurité des Jeux Olympiques d’Atlanta en 1996 « avec une arme à feu dans son sac » ; du moins c’est ce qu’attestent les caméras de vidéo surveillance. Tout le monde se demande si la femme va passer à l’acte… La suite du texte ne nous apprend rien d’autre sur elle. Cette femme est hors de la réalité, tel l’agent du FBI, incarné par David Bowie dans Twin Peaks de Lynch, qui apparaît sur les écrans de contrôle sans être physiquement présent. Information fabriquée de toutes pièces afin de justifier la névrose anti-terroriste et la démence sécuritaire dont nos sociétés sont atteintes ? Paranoïa collective ? Cette image initie une suite de récits, éclats de trajectoires individuels ou collectifs.

Patrick Bouvet prélève les phrases de ses textes dans les médias, mais en leur imposant des traitements (sur le mode du sampling ou du bootleg en musique) et en les déconstruisant de manière à ce que le sens glisse et qu’un nouveau discours se forme. Dans un premier temps, l’échantillon de discours, que l’auteur a isolé, est donné à lire sous sa forme originale, puis, par le jeu des combinaisons et des découpages, son sens entre en contact ou collision avec celui d’autres échantillons (sur le principe du choc des images pour le montage au cinéma ou du collage en arts plastiques) et produit de nouveaux sens.

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MISE EN SCÈNE DU SPECTACLE

MISE EN SCENE

L’exposition-spectacle s’organise en 15 parties, organisées dans l’espace qui se découvre au fur et à mesure de la visite grâce aux jeux de lumières, de spatialisation sonore. 15 parties comme autant de déclinaisons de performances d’acteurs,  d’occupation de l’espace, d’univers lumineux, de compositions sonores, de vidéos et d’utilisation des iPads.
Les 12 acteurs forment un grand corps polymorphe sur le mode du choeur antique qui annonce au monde tous les maux qui le consomment et d’où régulièrement s’extraient des voix isolées. Le texte est réparti entre les acteurs selon une partition complexe de façon à en respecter la structure : du solo au choeur à l’unisson, parlé, chanté, et parlé-chanté.

Sur le mode du conditionnement, chaque acteur entretient un rapport spécifique avec 2 à 6 visiteurs-spectateurs pendant tout leur parcours dans l’espace et, tel un guide, leur indique la marche à suivre : il les accueille dès l’entrée, leur demande de leur confier leurs effets personnels, leur montre le chemin et va jusqu’à leur confier sa tablette numérique.

Les iPads, via un serveur central, diffusent de la vidéo et de la musique au fur et à mesure du déroulement de l’exposition-spectacle. À ces fins, une application « add hoc » (OpenFrameworks et Objective C) a été développée. Elle permet d’orchestrer des actions identiques ou différentes sur les 12 tablettes, de recomposer des images et des musiques préalablement découpées, ou d’agir en local de façon autonome. Chaque iPad peut à la fois jouer seul et offrir différentes possibilités d’interaction avec l’acteur ou le spectateur qui le manipule. L’exposition devient un monde virtuel propre à chaque visiteur et ouvre un espace illimité.

La scénographie s’inpire de chaque nouvel espace. Le parti pris d’éléments de décor « invisibles » ajustés au lieu (caisses de bois destinées au transport des œuvres d’art, estrades, tribunes, bancs, accroches pour les iPads, zones peintes), permet une plus grande inscription des corps et des images in situ. À deux reprises, la vidéo est projetée dans l’espace grâce à des vidéo projecteurs.

Patrick Bouvet cite dans In Situ les installations suivantes, auxquelles l’exposition-spectacle fait elle aussi à sa façon référence :
Bill Viola, The sleep of the reason, 1988
Edgard Varèse, Iannis Xénakis, Le Corbusier, Le poème électronique, 1958
Walter de Maria, The Broken Kilometer, 1975
Bill Viola, Anthem, 1983
Karl-Hartmut Lerch et Klaus Holtz, Portrait/Kopf, 1981
Walter de Maria, Mile Long Drawing, 1968 г

VIDÉO

Les images servent de contrepoint au texte et à l’aspect froid et technologique du dispositif. Elles dénoncent dans notre monde moderne la perte de considération pour l’homme en tant qu’individu et son besoin de compassion et de considération.

Sur un mode pseudo-documentaire, les images mettent en scène des protagonistes issus des groupes armés  des années 70, tout en rappelant le style des piétas du Moyen-Age, où le sacrifice de soi, la douleur, le désespoir et l’extase sont à l’honneur. Ce sont les représentants, de la Blank generation ou génération perdue. La vidéo raconte une histoire parallèle, l’histoire de jeunes gens blessés abandonnés à leur sort sur une île qui vont rencontrer une jeune femme qui sillonne les flots sur un bateau militaire. Le personnage de la femme est comme la métaphore d’une tentative de sauvetage de cette génération.

Le spectacle emprunte des fragments à une vidéo qui existe aussi de façon autonome, Lullaby, 37’

MUSIQUE

La musique (créée in situ dans un espace très réverbérant) accompagne le spectacle de manière permanente, sans silences autres que des suspensions très courtes, dans le rythme et le tempo du texte. Présente dès l’accueil, elle est, majoritairement, sans tempo discernable (ou dans des tempos superposés, lents, différents), et les rares percussions sont des sons concrets, collisions de masses sur des parois résonnantes. Elle procède par longues vagues électroniques, souterraines, comme un soubassement sombre qui s’éclaircit, sans régularité. Spatialisée en 8 points de diffusion répartis dans la totalité de l’espace, la musique accompagne la déambulation des comédiens et des spectateurs, et est souvent diffusée loin du lieu de l’action, comme un écho lointain, menaçant.

Composée avec un synthétiseur analogique Serge de qualité de son très organique, la musique est aussi construite avec des bourdons enregistrés par les comédiens, desquels, pour trois scènes, s’extraient les voix en direct. Elle fait appel, pour les parties chantées, à des techniques de chant lyrique, mais dans un grand dépouillement ; intègre, dans une des parties, la respiration des comédiens, qui est donnée à entendre, amplifiée, sur les iPads, devenant alors des loupes sonores. Les passages d’une partie à une autres sont violents, des cuts tranchants. Elle n’exprime rien d’autre que le danger.

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EXTRAIT DU TEXTE

EXTRAIT

« le risque zéro
ça n’existe pas »
une femme aurait traversé
les barrages
avec une arme à
feu
dans son sac
des scénarios de
détournements d’avion de
prise d’otages de
gaz toxiques dans le métro
ont été testé
mais
« le risque zéro
ça n’existe pas »
(il y a seulement
huit mille ans
le Sahara était couvert
de lacs et de prairies)
le système
de vidéosurveillance
fonctionne parfaitement
le système fonctionne
mais
une femme
aurait traversé
le Sahara
de la vidéosurveillance
vidéo
zéro
dans son sac
pourtant le système
fonctionne
parfaitement (le tombeau
millénaire d’Hébron est sous
vidéosurveillance)
c’est un mystère
une femme
une arme
dans son sac
une silhouette
sur la vidéo
un feu
c’est un mystère (cette grotte
est un lieu sacré
on y trouve un passage pour
le jardin d’Eden)
zéro
millénaire
vidéo
un million
de dollars pièce
pour ces machines
qui détectent les explosifs
que du feu
sur la vidéo
une silhouette
une femme
dans un état
mental
zéro
Sahara mental
la sauvagerie du paysage
une silhouette
sur la vidéo
un paysage mental
qui fonctionne parfaitement
des dizaines d’experts scrutent
ciel et terre
de la vidéo
une femme
dans un état
mental couvert
de lacs et de prairies
aurait traversé les barrages
son système mental
comme un paysage
millénaire
des dizaines d’experts scrutent
(dans une première pièce
le film est projeté
en boucle)
une femme
aurait traversé
un état
un état et sa
sauvagerie
(dans une deuxième salle
des moniteurs montrent
des extraits au ralenti)
entre ciel et terre
le film vidéo
comme un passage
un laps de temps
un lieu
zéro
c’est une véritable trouée
dans la nuit
que provoquent ces hélicoptères
à l’aide
d’équipements à infrarouge
des dizaines d’experts scrutent
entre zéro et un
million de dollars pièce
pour ces machines
des moniteurs
qui montrent des laps de temps
explosifs
(dans le troisième et dernier espace
des détails agrandis
jusqu’à l’abstraction)
entre zéro et un
des moniteurs montrent
de la vidéosurveillance
un lieu zéro
du temps en boucle
mais
une silhouette
dans la nuit vidéo
trouve
un passage
la sauvagerie du temps
dans son sac
un passage
jusqu’à l’abstraction
un espace
mental
une nuit
trouée
de scénarios
explosifs
des dizaines d’experts scrutent
jusqu’à l’abstraction
le détournement
du temps
avec des machines
qui montrent
entre zéro et un
peu
plus

ÉQUIPE

d’après le texte de Patrick Bouvet, In situ, Editions de l’Olivier, 1999
traduction du texte en russe Maria Zonina, Judith Depaule, Maria Fomina
conception, mise en scène Judith Depaule
création images Promyzva (Galina Myznikova, Sergueï Provorov)
musique Laurent Dailleau
programmation iPads, vidéo Thomas Pachoud
scénographie Maria Fomina
assistantes à la mise en scène Adèle Costa, Tatiana Godovanets
régie iPads Anna Tolkatcheva
coordination Ivetta Vetchehaïzer
avec Anna Cherpiakova, Anton Chtchagvine, Pavel Fartoukov, Ekaterina Kabanova, Sergueï Karatchev, Youri Koudriavtsev, Evguenia Krylova, Aleksandr Lebedev, Ekaterina Plaksina, Tatiana Razoukhina, Natalia Zapivokhina, Ilya Zyzine, Evguenia Denissova, Mikhail Morozov, Irina Rodionova

PRODUCTION

coproduction Mabel Octobre (conventions Drac et Région Ile-de-France), Fondation capitale culturelle de la Volga, Direction culturelle de la Région d’Oulianovsk
en partenariat avec le Centre National d’Art Contemporain de Nijni Novgorod
avec le concours de l’Institut Français à Paris
le soutien de l’ambassade de France à Moscou et de l’alliance française de Nijni-Novgorod