Corps de femme 3 –
les haltères
Volet 3 de la quadrilogie Corps de femme – Turquie
“J’ai été désignée comme la femme la plus forte du monde en soulevant deux fois et demi mon poids, mais en fin de compte je suis une femme, je n’aime pas trop dire que je suis très forte, car je suis en même temps quelqu’un de très sentimental et de fragile.” Nurcan Taylan
Durée 50min
Disponible en tournée
Captation vidéo disponible sur demande en DVD et en téléchargement
Création à Confluences (Paris), le 29 septembre 2012
Tout public
INTENTION
Une quadrilogie : Femmes — genre et sport
Pour me confronter aux stéréotypes que soulèvent la thématique « femmes – genre et sport », j’ai souhaité créer une série de spectacles sur des sportives qui pratiquent des disciplines considérées traditionnellement comme viriles où que l’on a cherché à viriliser.
J’ai filmé et interviewé des sportives, puisé dans l’histoire du sport et dans ses règles, emprunté sa gestuelle et son vocabulaire, fait le choix d’une scénographie et d’une partition sonore qui suggère un terrain de jeu. J’ai voulu dénoncer des systèmes de pensées complexes et contradictoires, imposés par l’enjeu de la performance sportive, la bicatégorisation des sexes et un monde sous domination masculine.
L’accès au sport pour les femmes a fait l’objet d’un long combat avec le corps médical qui pensait (et pense encore) que la fonction première du corps de la femme est la procréation, que la pratique sportive viendrait pervertir, altérer voire annuler.
Le masculin préfère voir la femme dans un corps contraint dont il dispose et qu’il maîtrise, non expansif si ce n’est pour son plaisir, en bref non émancipé. De fait, le sport déplace le corps de la femme sur un territoire déjà occupé. La participation des femmes aux compétitions a toujours été sujette à caution et s’est accompagnée de tests de féminité (certificat, examen gynécologique, contrôles chromosomiques X ou Y) pour prouver qu’elles étaient des femmes véritables. Malgré les programmes paritaires, le sport reste un révélateur d’inégalités (moyens, médiatisation, accès aux équipements), et s’impose comme une institution sociale de canonisation de féminité et de masculinité. La puissance physique brute – que de nombreux sports exigent – continue à être perçue comme une preuve matérielle et symbolique de l’ascendance biologique des hommes.
Plus le sport est dit viril, plus la femme qui l’exerce doit être avenante et afficher les marqueurs obligés de la féminité. Plus la sportive est compétitive, plus elle doit être irréprochable quant à l’authenticité de son sexe…
Après avoir suivi en Pologne Kamila Skolimowska, première championne olympique du lancer du marteau féminin (Corps de femme 1- le marteau), et après avoir exploré le territoire francilien en me tournant vers le rugby (Corps de femme 2 – le ballon ovale), j’ai rencontré Nurcan Taylan, haltérophile, première sportive turque à avoir décroché l’or olympique pour Corps de femme 3 – les haltères.