Les Murs parlent

Les murs parlent décline les graffitis carcéraux de Fresnes via différents médiums : une exposition et une expérience de réalité virtuelle.

La scénographie s’attache à rendre un simulacre d’espace carcéral en cadrant et en refermant celui de l’exposition. Elle peut retracer des couloirs étroits, faits de panneaux de métal oxydés par le temps, figurent des murs dont on a extirpé les repentirs comme en peinture lorsque l’on s’efforce de faire réapparaître ce qui a été masqué sur la toile.

Au centre de la circulation, 3 cellules d’un seul tenant permettent 3 expériences VR en simultané. La réalité virtuelle place les visiteurs au cœur d’une expérience immersive dans une cellule de la prison de Fresnes. La VR et l’exposition sont complémentaires et s’enrichissent l’une l’autre. L’exposition comprend également, la reconstitution d’une cellule de prison ainsi que la projection d’extrait de reportage d’anciens résistants ayant été incarcérés à Fresnes. 

INTENTION

À l’issue de la guerre, dans Les murs de Fresnes
(Éd. Les Quatre Vents, 1945), l’écrivain et journaliste Henri Calet, compile des graffitis inscrits par
les détenus sur les murs de la prison de Fresnes. Privé d’informations sur ses administrés, le ministère des Déportés et des Prisonniers de guerre a commandité le relevé des inscriptions dans les pri- sons sous occupation allemande.

Aussi inclassable par son contenu que par sa forme, le livre plonge le lecteur dans une investigation mnésique et l’invite à visiter la prison de Fresnes. Cellule après cellule, cachot après cachot, il dresse l’inventaire singulier, accompagné de commentaires, des graffitis laissés sur les
murs en 1944 par des détenus en attente d’être jugés, déportés ou exécutés.

[...]

INTENTION

Tracés à la mine, gravés avec une pointe
ou un objet, du bout des ongles ou écrits avec
du sang, ces « tags » livrent des noms, des dates, parfois des adresses et des numéros de téléphones… des confessions, des adieux, des testaments,
des journaux, des déclarations d’amour, des questionnements, des convictions politiques,
des dessins et des poèmes. De façon lapidaire,
ils racontent la France occupée et la Résistance, l’arrestation, la délation, la détresse de l’enfermement, la torture, l’angoisse avant l’exécution ou la déportation. Le plus souvent sans destinataire, ils témoignent pour ceux qui succèderont — des traces pour que l’Histoire se souvienne.

À partir des adresses trouvées sur les murs, Calet sillonne la banlieue parisienne à la recherche des survivants, il en rend compte en février
1946 dans un feuilleton en quatre épisodes pour France-Soir : « Grâce aux graffitis relevés par Henri Calet les murs de Fresnes ont parlé ». Il clôture
son enquête en 1953, au foyer des déportées
et internées de la résistance rue Guynemer à Paris

(« Hôtel des revenants », Évidences).
Grâce aux sources consultables en ligne dont notamment le dictionnaire biographique en ligne le Maîtron (maitron.fr), à la parution de nouveaux témoignages, à l’accès aux archives telles que
les Archives nationales, celles de la Préfecture
de Police, du Service historique de la Défense,
de la Bibliothèque Doucet, il est possible de prolonger l’investigation d’Henri Calet, d’identifier et d’éclaircir le destin ultérieur de nouvelles figures enfermées à Fresnes : hommes et femmes, français ou étrangers, juifs, résistants, communistes, artistes, jeunes excentriques, droits communs. Cette collection de portraits, assortie de graffitis, tout en contribuant à la revalorisation patrimoniale des inscriptions carcérales, dessine le tableau de la population d’une prison passée aux mains des Allemands.

ÉQUIPE

Exposition
Conception : Judith Depaule
Design graphique : Studio des formes
Restauration des plaques : Alexander Pliusnin
Scénographie
: UVLAB
Scénographie Écomusée
du Grand-Orly Seine Bièvre
: Mahmoud Halabi, Abderrahmane Cheref,
Lora Zyuzina, Vladimir Smolov, Aleksei Leontev, Ruslan Nasibullin
Impression : Publicart
Impressions complémentaires : ABC Photo
Production
: Mabel Octobre

Expérience VR
Un projet immersif de Judith Depaule
Tech art : Léon Denise
Lead développement : Simon Albou
Sound design et Sound Mix : Yohann Moure
Design interactif : Samuel Lepoil